20 déc. 2011

Barnave

J'arrive pour qq jours chez Annick et Vincent, dont m'ont parlé Jean-Marie et Dominique. J'ai aussi pu lire qq lignes écrites par Vincent, qui a participé au livre "Homéopathie à la ferme", qui rapporte de nombreux témoignages et paroles d'éleveurs, très soucieux du rapport qu'ils ont avec leurs bêtes, et cherchant une médecine douce et naturelle.

Le parcours d'Annick et Vincent, ainsi que leurs choix de vie sont assez atypiques. Ils habitent une petite ferme isolée sur les hauteurs de Barnave, où on trouve aujourd'hui des brebis et des chiens.
Annick s'est détachée de la ferme avec le temps, pour se consacrer à sa profession de psychothérapeute.
De son côté, Vincent est comportementaliste canin. Il élève et dresse également des chiens de berger.
A leurs débuts, ils étaient tous les deux bergers, puis ils ont voulu se poser et s'occuper de leur propre troupeau. C'est ainsi qu'ils sont arrivés à Barnave, pour démarrer un petit troupeau de brebis laitières, dont le lait était valorisé en fromage.
Les contraintes de l'élevage laitier les ont amené à passer à un élevage de brebis pour la viande... mais élever des animaux destinés à la boucherie s'est révélé contraire à leur éthique.
Aujourd'hui, il y a toujours des chèvres sur la ferme, issues d'une race rustique qui leur permet de passer toute l'année dehors. Seule leur laine leur est prélevée, destinée à être la matière première de vêtements fabriqués dans la région. Et plus aucune bête n'est tuée... à partir d'un certain âge, lorsqu'elles sont faibles et fragiles, elles sont rapprochées de la maison. Elles passent alors leur temps à l'abri à la bergerie, où broutent tranquillement dans les parcs, en attendant de s'éteindre d'une mort douce et naturelle.

Ce choix d'élevage, assez atypique, s'accorde avec les choix de vie du couple, convertis au bouddhisme tibétain.

Mon séjour chez eux a été court, seulement 3 jours, avant les fêtes de Noël. Il n'est pas prévu que j'y retourne, car malgré mon attirance et mes questionnements par rapport à leur parcours, je me sens aujourd'hui trop éloigné de ce courant spirituel, qui me semble encore trop abstrait, et je préfère privilégier des expériences et des rencontres plus terre à terre.


19 déc. 2011

Sous la neige...

Ce lundi 19 décembre, départ sous la neige! Heureusement, je n'ai pas loin à faire:  environ 15 km pour me rendre de l'autre côté de la vallée, à Barnave, sur la montagne d'en face.
La neige, c'est beau, mais c'est pas facile pour rouler! Tant que c'est du plat, où que ca monte en pente douce, ca va... mais dès que ca devient plus raide, il faut pousser! Et pousser un vélo chargé, avec les chaussures qui glissent sur la neige, je vous garantie que c'est sport.. surtout pendant plus d'un kilomètre!


En partant...

En arrivant...


18 déc. 2011

Saint Roman


Je ne sais pas trop comment abordé ce petit compte rendu de mes 2 semaines chez Jean-Marie et Dominique à Saint Roman tellement l'étape a été dense et riche...
J'ai été tout à la fois apprenti-vacher, apprenti-chevrier, apprenti-palefrenier,apprenti-fromager et apprenti-meunier, avec de longs moments de discussions sur l'agriculture, l'alimentation, la médecine, la conscience, le rôle des Hommes, l'entraide, l'économie, ...

Commençons par le lieu: Saint Roman est un petit village de 150 habitants, à une dizaine de km de Die, tout proche de la Drôme (la rivière). On est donc en plein cœur du Diois, dans un cadre de petite plaine entourée de montagnes.
Jean-Marie et Dominique y vivent avec Maëlys, leur plus jeune fille, mais 6 autres enfants y ont aussi grandi (oui oui, ca fait bien 7 enfants en tout!).

La ferme ...

... avec le Glandasse en toile de fond.

Jean-Marie et Dominique sont tous les deux médecins. Une fois leur diplôme obtenu, et très préoccupé par l'alimentation, ils voulaient qu'une partie de leur vie soit liée à la terre, et à la production d'une alimentation saine, donc biologique. Ils ont alors convenu que Dominique exercerait la médecine, et Jean-Marie s'occuperait d'une exploitation agricole. Ils ont repris une ferme sur Saint Roman, initialement spécialisée en arboriculture, mais avec un travail colossal pour remettre l'exploitation, les bâtiments, la maison et les vergers d'aplomb.

Parlons agriculture...

Pendant longtemps, les vergers et les champs ont été menés en agriculture biologique. Ce mode de production autorise un certain nombre de traitements bio, mais c'est comme tout: des produits aux composants naturels peuvent s'avérer néfastes s'ils sont utilisés en grandes quantités, et ils représentent un coût non négligeable. Jean-Marie a donc voulu pousser la démarche plus loin, avec comme base de réflexion:
- le respect du vivant, des cycles, du sol
- une approche globale avec un équilibre des 3 règnes: végétal, animal, minéral
- accepter de récolter ce que la nature veut bien produire, sans lui demander plus
- limiter les intrants au minimum (aujourd'hui, il n'y a d'ailleurs plus d'intrants sur les pommiers, seulement des pulvérisation de purin d'orties et de petit lait, dans l'idée que les champignons naturels du petit lait, non néfastes aux vergers, permettent d' "occuper le terrain" et ainsi d'éviter la prolifération de champignons néfastes (comme par exemple "Venturia inaequalis", responsable de la "tavelure du pommier")
- une attention toute particulière au sol: favoriser l'humification, l'activité biologique et la vie microbienne
-aller vers une ferme diversifiée, autonome, et durable

Depuis quelques années, la ferme est donc passé en "agriculture bio-dynamique" (pour plus d'infos, voir ce site).

On retrouve sur la ferme quelques animaux: une vache Tarine répondant au joli nom de "Mercédès", 3 chèvres, 3 chevaux et des poules.
Les animaux, lorsqu'ils pâturent, via leurs excréments, participent à la fertilisation naturelle des sols. Le fumier récupéré dans l'écurie est composté avant d'être épandu.
Mercédès et les chèvres sont traites, le lait est transformé en fromages dans un petit local aménagé. La consommation de fromage à la maison est donc conséquente, mais il est tellement excellent qu'on en redemande! Et puis le surplus est échangé, troqué, avec des voisins, amis, contre des légumes, de la crème de marron, ...


Mercédès et ses ami(e)s.


--> Céréales: blé et petit-épeautre

Évidemment, les variétés ont été choisies rustiques et adaptées aux conditions locales (sol et climat). Loin de la course au rendement, l'idée est d'intervenir le moins possible sur les cultures, et de bien les valoriser pour compenser les petits rendements. Toute la moisson est donc valoriser sur place, en produisant de la farine, avec un moulin du Tyrol. Cette farine est ensuite vendue directement à la ferme ou sur le marché de Die, à des particuliers et boulangers.
Cette farine donne un bon pain, aux excellentes qualités nutritives, bien loin du pain blanc traditionnel de nos boulangeries!

Le moulin du Tyrol.


Même les intolérants au gluten peuvent le consommer! Ce n'est pas qu'il ne contient pas de gluten, puisqu'il en possède, mais le gluten issu de variétés anciennes ou rustiques est assimilable par quasi  tous, puisque "simple", et en moins grande quantité. Grossièrement, à force de sélection pour le rendement et pour une panification rapide, homogène et facile, la quantité de gluten contenue dans le pain n'a fait qu'augmenter, avec un gluten dont la chaîne moléculaire s'est de plus en plus complexifiée, et donc de moins en moins facile à être découpée et digérée par notre organisme, ce qui a provoqué la multiplication de cette maladie d'intolérance au gluten.

La paille, issu de la récolte du blé et du petit-épeautre, représente une quantité trop importante pour la seule utilisation en litière des quelques animaux. Elle est donc donnée à des éleveurs voisins, puis récupérée en fumier, qui sera composté avant d'être épandu pour une fertilisation naturelle des champs.

--> Fourrages: luzerne et foin

Les fourrages permettent de faire des rotations de culture sur les champs, une fertilisation naturelle (engrais vert avec la luzerne, pour sa capacité à fixer l'azote de l'air dans ses nodosités, présentent sur ses racines), et de nourrir les animaux.
Une partie du foin et de la luzerne est également vendue à des éleveurs voisins qui ne possèdent pas de terre.


Parlons médecine alternative: homéopathie hahnemannienne uncisite...

Dominique est médecin. Elle tient un cabinet à Die, et est très demandée par de nombreux patients qui ne veulent plus, ou ne croient plus en la médecine conventionnelle. Ses patients viennent de toute la Drôme, parfois même d'autres département et d'autres régions!

Nous avons tous déjà entendu parlé d'homéopathie, et nous connaissons tous des médecins dits homéopathes. Je suppose que pour la plupart d'entre nous, si on nous dit homéopathie, on pense à:
- médecine douce/naturelle
- plantes et granules

Cependant, c'est très réducteur, surtout si on aborde le sujet de l' "homéopathie uniciste hahnemannienne". En fait, c'est l'homéopathie originelle, inventée par Samuel Hahnemann, un médecin allemand du 18ème siècle.

Il est pour moi difficile de trouver les bons mots pour résumer et expliquer clairement ce que j'ai compris de l'homéopathie. Je préfère donc réutiliser ce que j'ai trouvé sur internet, et qui m'a l'air de bien concorder avec les discussions que j'ai eu avec Dominique. Ci-dessous, vous trouverez donc une petite entrée en matière tirée de ce site, que je vous invite à consulter pour plus d'infos, et qui je pense est assez clair et simple à suivre.

En suivant ce lien, vous trouverez également le témoignage d'une consultation.

Personnellement, je trouve cette approche vraiment très intéressante. Le hic, c'est qu'on ne sait toujours pas "comment" fonctionne l'homéopathie, surtout lorsque qu'on sait qu'à partir d'un certain taux de dilution, les molécules du principe actif ne sont plus présentes dans le rémède, ce qui fait intervenir une notion étrange de "mémoire de l'eau"...
Personnellement, j'y crois... non pas par mon expérience personnelle, mais via des lectures et des discussions avec Dominique, Jean-Marie et des éleveurs soignant leurs animaux par homéopathie.
C'est aussi une remise en question de "qu'est qu'une maladie?". Si on raisonne d'un point de vue strictement mécanique, en médecine allopathique (conventionnelle), ca donne: tels symptômes = tels médicaments. On cherche donc à supprimer le symptôme.
Avec une approche globale, on se demande plutôt le pourquoi des symptômes... et si comprend et on traite le pourquoi, on pourra faire disparaitre durablement la maladie. Si on reste sur le schéma classique qui vise à supprimer les symptômes, on pourrait aller jusqu'à dire que c'est un raccourci non durable, puisque qu'on traite les symptômes et non leur cause... ce qui laisse la porte ouverte à une prochaine maladie...

L'homéopathie apparait pour beaucoup (moi y compris), comme assez obscure, puisqu'elle n'est toujours pas expliquée par les scientifiques... c'est une médecine de l'observation et de l'expérience.
Pourquoi n'y a t-il pas plus de recherches sur cette médecine...?
Peut-être tout simplement parce que quand on commence à se rendre compte quels enjeux financiers se cachent derrière l'industrie pharmaceutique... quelques uns très (trop) influents auraient bien trop à perdre ...?

LES PRINCIPES FONDAMENTAUX

En homéopathie, le choix d’un traitement s’effectue selon trois principes fondamentaux : similitude, globalité et individualisation. Quant aux remèdes homéopathiques, leur préparation est bien spécifique : ils sont « dilués et dynamisés ».

La loi de similitude
Le premier principe est la « loi des semblables » ou « loi de similitude » : « toute substance capable de provoquer chez l’homme sain et sensible un ensemble de symptômes est capable, à dose extrêmement faible (infinitésimale), de faire disparaître un ensemble de symptômes semblables chez l’homme malade ».
Prenons l’exemple du café : chez des sujets sensibles à son action, sa trop grande consommation provoque une insomnie, une excitation intellectuelle et des palpitations. Si ces mêmes symptômes sont présents chez une personne malade, le café à dose infinitésimale, dénommé « Coffea », sera l’un des médicaments à envisager.

Une conception globale de la maladie
Pour l’homéopathe, la maladie est consécutive à une rupture de l’équilibre énergétique qui touche d’emblée la totalité de l’individu. L’être humain est un ensemble indivisible, corps et esprit sont constamment interdépendants. Les symptômes pour lesquels le patient consulte sont à intégrer dans cette cohérence d’ensemble.

L’individualisation de chaque patient
Chaque patient vit ses troubles à sa façon, suivant un mode qui lui est personnel et original. Il s’agit alors de trouver le remède du patient, et pas seulement celui de sa pathologie. A diagnostic identique, malade différent, remède différent !
Ces principes fondamentaux sont issus d’une démarche expérimentale stricte et d’observations cliniques minutieuses.
La loi de similitude est à la base de la médecine homéopathique
. C’est ce qui la distingue de toutes autres méthodes thérapeutiques existantes, qu’il s’agisse de la médecine « conventionnelle » ou des autres pratiques « alternatives ».


Parlons alimentation...

Ici, on ne consomme que du bio et du saisonnier, en privilégiant évidemment une production locale, sans toutefois refuser d'avoir qq tablettes de chocolat d'avance! Cependant, "manger bio" ne rime pas seulement avec "manger sain": cela implique également un choix militant de consommer des aliments produits sans dénaturer les plantes et le sol avec des produits chimiques.
En toute logique, on ne consomme de la viande qu'en petite quantité, et on sait exactement qui a élevé la bête, où elle a grandi, comment elle a été nourrie, et comment elle a été tuée.
En parlant de viande, j'ai aidé la famille à "charcuter" un cochon... élevé et abattu chez un voisin. Expérience vraiment pas exaltante, mais très enrichissante sur notre rapport à la viande.
Le jour où le cochon a été tué (un coup de carabine dans la tête pendant qu'il mange:  propre, rapide, et sans souffrance pour l'animal), nous sommes arrivés une fois le cochon mort (ce qui m'a arrangé, je pense que l'exécution m'aurait mis mal à l'aise). Aussitôt, il faut "gratter" la première peau et les poils, en l'arrosant d'eau bouillante. C'est une étape pas très emballante, surtout en sachant que qq minutes plus tôt, ce cochon était le nez dans la mangeoire, tout content de déguster sa ration avec ses copains à queue en tire-bouchon.
Le lendemain, découpage/charcutage du cochon: on fabrique des saucissons, des saucisses, des terrines, des caillettes, du pâté de tête, ...
C'est donc une journée passée les mains dans la viande, en sachant exactement de quel animal elle provient, et l'imaginant parfaitement gambader en toute tranquillité dans son champ...

Au repas suivant, je ne me sens pas très à l'aise avec le morceau de viande dans mon assiette... mais je le trouve bon, meilleur que d'habitude même, et rassuré de savoir que la bête a eu une vie plutôt confortable pour un cochon.
D'après Jean-Marie, toute personne qui consomme de la viande devrait être capable de tuer l'animal dont il veut se nourrir, pour bien prendre conscience que la viande vient d'un être vivant qui a été tué pour nous nourrir, et que les conditions d'élevage et d'abattage sont extrêmement importantes:
- d'un point de vue gustatif
- d'un point de vue moral (je pense que si vous visionniez une vidéo d'abattage en série d'animaux élevés industriellement, vous n'auriez vraiment pas envie de manger de la viande, à moins d'être insensible...)

Toutes ces discussions autour de l'alimentation sont pour moi assez déstabilisantes...  et représentent des prises de conscience désagréables. Je n'ai pas envie, chaque fois que je mange par exemple un biscuit, de me demander avec quel blé il a été fabriqué, d'où vient ce blé, quels traitements phytosanitaires il a reçu, etc...
Clairement, se sont des questions qu'on n'a pas envie de se poser, puisque dans le fond, on n'a pas vraiment envie de connaître la réponse... mais une meilleure conscience du monde dans lequel nous vivons doit forcément passer par là...


Parlons relocalisation alimentaire...

La farine et les pommes sont vendus soit sur le marché, soit à la Carline, une boutique coopérative bio de Die.
La Carline est une structure assez atypique. A l'origine, c'est un groupement d'acheteurs: plusieurs familles se réunissent pour acheter en plus grandes quantités, et donc moins cher, des produits bio. Avec le temps, le nombre de personnes augmente, et des producteurs locaux fournissent les consommateurs. Aujourd'hui, la Carline est une SCIC (Société Coopérative d'Intérêts Collectifs), avec plusieurs salariés, une trentaine de producteurs bio locaux, où s'approvisionnent plus de 1000 familles dioises.

La Carline se caractérise par une mission d'intérêt collectif, statutaire et utile à tous:
- porter un projet économique autour des produits locaux et biologiques, en développant un commerce local, respectueux des producteurs, des distributeurs et des consommateurs (en d'autres termes, tout le monde est censé s'y retrouvé: le prix des produits étant fixé par la Carline et les producteurs, en minimisant la marge pour le Carline, en la maximisant pour le producteur; et un coût abordable pour les consommateurs, en limitant les intermédiaires)
- informer, de former les habitants du territoire aux enjeux de l'agriculture et de l'écologie.






5 déc. 2011

En route pour le Diois

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Ce lundi matin, je quitte Pont de Barret pour rallier Saint Roman, dans le Diois. Il a plu toute la nuit, et ca continue encore en ce début de matinée... ce n'est pas très engageant pour se mettre en selle!
Je prends donc tout mon temps pour finir de boucler mes sacoches, reprendre un café, vérifier la pression des pneus, supprimer le petit jeu dans la direction...
Il est bientôt 10h30, et le ciel gris a rapidement laissé la place à un beau soleil!

Une bise de départ à tout le monde, et hop en selle: c'est une rude journée qui m'attend: environ 80 km, avec le col de la Chaudière à passer (et ca fait plus d'un mois et demi que je n'ai pas roulé avec le poids des sacoches!).

Les premiers km sont frais mais très agréables,dans les gorges du Roubion, avant de traverser le petit village de Saoû, très célèbre pour sa forêt et son synclinal perché (une merveille géologique!). Plus loin, je retrouve le Roubion, que je suis jusque Bourdeaux, où je fais ma halte déjeuner. Mieux vaut attaquer la montée vers le col avec le ventre plein!
Au menu: 3 boites de sardines... et pas de boulangerie ouverte. Heureusement, une dame me fait cadeau d'une baguette.
Le ciel est couvert, le temps est légèrement venté, la température est fraiche, pas terrible pour picniquer, mais ce sera très bien pour monter le col!

Le synclinal perché de Saoû.




Au bord du Roubion.
Les 700m de dénivelé sont longs et difficiles à grimper... je sens bien que cela fait un moment que je n'avais pas pédalé avec les sacoches! J'arrive tant bien que mal au col, plutôt content de moi et content d'avoir choisi cette option (j'aurais pu faire qq km de moins via Crest, et sans col, mais j'ai préféré l'option petite route et beaux paysages). En une heure et demi de montée, je n'ai vu qu'une voiture, qui a choisi de passer juste au moment de la photo souvenir au col, pendant que le retardateur était enclenché!

En arrivant au col de la Chaudière.

Photo souvenir pas banale...

Derrière le col, l'intégralité de la descente est à l'ombre... 11km à se geler les doigts, les joues et les pieds... J'avais sous-estimé l'influence du froid à vélo: à l'arrêt, il fait bon, mais en statique sur un vélo, ca caille!


Arrivé à Saillans, je retrouve la Drôme, que je dois maintenant remonter en pente douce pendant près de 35km...
C'est après une dizaine de km en pleine nuit (vive la lumière sur le vélo!) que j'arrive enfin à Saint Roman, accueilli par Jean-Marie et Dominique chez qui je vais passer 2 semaines.

Bye Bye Pont de Barret

J'ai passé presque un mois et demi à Pont de Barret... une longue étape qui m'aura permis de faire de belles rencontres et passés de bons moments, au sein d'un beau village, aux habitants ouverts, engagés et dynamiques.
Un très grand merci à vous tous, Marjo, Carole, Laure et Nico, Théo, Jeanne et Félicien, Christian, Same, Françoise, Thierry,...
Merci de m'avoir ouvert vos portes, merci pour les cafés et repas partagés, merci pour les longues et riches discussions, merci de m'avoir laissé entrapercevoir un petit bout de vos vies... et à bientôt!


24 nov. 2011

La Fontaine Minérale: prolongations.

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Une fois le chapiteau plié, j'ai prolongé mon séjour à la Fontaine: la fermeture hivernale qui aura lieu fin novembre implique un gros travail de rangement pour préparer l'hibernation.
J'accompagne donc Félicien et Jeanne dans leur quotidien, pour ranger, nettoyer, bricoler, débarrasser, poncer, peindre, servir au bar et parfois au restaurant...



J'aime beaucoup l'atmosphère qui règne ici, dans ce lieu atypique, tout en contraste: isolé et chaleureux, simple et raffiné, rural et artistique.

Pour dormir, j'ai élu domicile dans la roulotte, un charmant et doux petit cocon!



J'aurais connu ici à la fois le plus gros évènement de l'année avec la semaine cirque et son we de spectacles et concerts, et la période la plus calme en ce mois de novembre.
Il faudra que je repasse en été, pour découvrir les guinguettes en plein air!

Avec cette étape, je me suis un peu écarté de mon fil rouge "alternatif/écolo/durable", mais j'ai découvert un lieu magnifique, qui cherche à redonner de la vie à un petit coin perdu, à se faire rencontrer les gens, à rassembler des familles, à faire venir la culture et divers courants artistiques en milieu rural... et ca, je trouve que c'est un très beau projet!
Bravo Jeanne et Félicien pour votre initiative, vos projets, et votre état d'esprit!
Et aussi un grand merci pour votre accueil et la grande confiance que vous m'avez accordée!

Jeanne, Same & Nico.

Félicien.



2 nov. 2011

Aller/Retour express à Toulon pour un câlin

Depuis quelques jours, plusieurs personnes m'ont parlé d' "Amma", une sainte indienne qui parcours le monde pour prendre les gens dans ses bras. Partout où elle se rend, des milliers d'hommes et de femmes se massent en foules pour recevoir son étreinte, appelée le "darshan".

Le Darshan.


A première vue, cela peut paraitre bizarre ou étonnant, mais cette femme, qui délivre un message emprunt d'amour et de paix, porterait une telle force d'amour inconditionnel, que les gens se déplacent spécialement pour se faire prendre dans ses bras.
Beaucoup en ressortent bouleversés, en pleurs, racontent avoir senti une grande chaleur à son contact, ou reçu une décharge émotionnelle, libérant des pleurs et émotions trop longtemps refoulés, qu'ils n'avaient jamais pu exprimés.
Tout cela m'interpelle.... et me donne envie de descendre à Toulon.
A vélo, ca parait un peu court pour y arriver à temps, et c'est donc avec Same, de la Fontaine, que nous descendons en voiture.

Nous quittons Pont de Barret vers 5h30 et nous arrivons au zénith de Toulon vers 9h00. On nous avait conseillé d'arriver de bonne heure pour éviter quelques heures de queue. A notre bonne surprise, nous rentrons rapidement à l'intérieur... mais il y a déjà beaucoup de monde, comme en témoignent les casiers à chaussures déjà presque pleins (et oui, ici on se promène en chaussettes ou en chaussons pour les plus prévoyants!). On nous remet un ticket "Z-2"puis nous entrons enfin dans la salle.
Nous apercevons Amma, qui commence les darshan. L'affichage indique "A-1"... nous avons donc un bon moment devant nous avant de recevoir le darshan!
Nous passons le temps en regardant des reportages sur Amma diffusés sur des écrans, en déambulant entre les stands proposant à la vente livres, bijoux, vêtement, savons, cd, encens, herbes odorantes ou médicinales, en grignotant beignets et samoussas proposés par les multiples snacks indiens installés dans le hall, zigzagant dans une foule dense et hétéroclite, mêlant tous les âges, toutes les classes, tous les genres, tout en gardant un oeil sur le tableau d'affichage pour ne pas louper notre tour!
J'ai la bonne surprise de croiser des gens que je connais, que j'ai servi au restaurant de la Trattoria, que j'ai croisé à Pont de Barret, et même des personnes que j'ai connu à Eourres au mois d'août!

Vers 15h00, l'affichage passe à la lettre Y... nous nous rapprochons donc de l'espace où se donne le darshan. Intérieurement, une tension commence à monter en moi... "qu'est ce qui va se passer pour moi? qu'est ce que je vais ressentir? et s'il m'arrivait ce que d'autres décrivent? et si j'éclatais en sanglots?" Au fond de moi, je crois que c'est ce que j'attends... libérer des émotions et des pleurs retenus  depuis trop longtemps, comme une sorte de libération, d'allègement émotionnel...
Arrivé à quelques mètres de Amma, on me demande de m'agenouiller, pour arriver à la bonne hauteur et avec la posture la plus adaptée pour que Amma fasse le minimum de mouvements... Je me rapproche encore un peu, je suis à peine à un mètre, alors on m'indique comment me positionner, où poser ma main gauche sur son fauteuil, et soudain... "paf" je suis pris dans ses bras, comme par surprise. Je n'ai même pas le temps de lever la tête pour croiser son regard que je suis pris par ses bras, une étreinte sincère mais express, juste quelques secondes où elle me murmure quelques chose à l'oreille, surement en indien puisque je n'ai rien compris, avant qu'elle ne me relâche et enchaine avec les suivants...
J'en ressors un peu sonné, un peu ébêté, et un peu déçu.... je n'ai rien ressenti de particulier... la faute à un faux-contact de mon récepteur affectif, à l'effet de surprise, à ne pas avoir pu croiser son regard avant, au lieu bruyant, à la foule, au système de tickets, au lieu sans âme qu'est ce zénith ...?
Juste après, je n'avais qu'une envie, c'était de me téléporter dans une cabane isolée en pleine montagne, au calme, au chaud près d'un poêle à bois, et regarder tranquillement un beau coucher de soleil...
Mais étant donné que la téléportation n'est pas possible, et que Same était aussi d'accord pour quitter la foule et le zénith, nous avons migré dans les hauteurs forestières et rocailleuses au-dessus de Toulon pour un petit thé bien chaud.
Puis ce sera un diner en ville, un dodo dans la voiture avec vue sur la mer, puis retour sur Pont de Barret le lendemain.

Le Zénith de Toulon, avant la foule.





28 oct. 2011

La Fontaine fait son cirque!

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Ce vendredi 28 octobre, retour à la Fontaine pour le we de spectacles, concerts et guinguette. J'y retrouve une trentaine de bénévoles, s'affairant à monter les derniers éléments: rampes de projecteurs, parquet, scène, mise en place de la buvette, etc... avant le début des festivités.
Après une semaine très ventée et pluvieuse, la météo est au beau fixe pour le we!














Je baigne dans une belle ambiance, mêlant musique, cirque, enfants, fanfare, familles, odeurs de crêpes et de frites, dans un cadre champêtre et bucolique.
J'ai aussi le très grand plaisir de revoir l' "Imperial Kikiristan", que j'avais découvert il y a qq années sous un chapiteau lors du carnaval de Romans. Leur prestation est tout autant joviale, entrainante et théâtrale, avec un beau jeu de scène, un univers festif, drôle et décalé, et musicalement, ils sont sacrément balaises! Chapeau bas messieurs les kiki!


L'Imperial Kikiristan
Les Miss Trash











Cette semaine cirque est le dernier gros évènement de l'année, une sorte de point d'exclamation clôturant la saison, avant la fermeture hivernale de la Fontaine. J'y reste encore quelques jours, le temps du démontage de chapiteau.




24 oct. 2011

Chantier Maison Paille: suite !

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Depuis la fois précédente, les travaux ont bien avancés! Le montage de la paille en façade nord est terminé, le mur est même protégé pour l'hiver avec son enduit de chaux.
La paille en face ouest est également finie d'être montée. Maintenant, la priorité est de finir la façade sud et la pré-isolation en liège des cadres de portes et fenêtres pour rapidement enduire, la météo devenant de plus en plus capricieuse!













Mètre, crayon, scie égoïne, visseuse, perceuse, scie circulaire et niveau sont mes outils de travail!
Durant la semaine, plusieurs voisins et amis viennent spontanément mettre la main à la paille, à la fois pour donner un coup de main et découvrir ce type de construction. L'ambiance sur la chantier est décontractée, chacun va à son rythme entre les petites pauses café. Lorsque j'ai besoin d'une explication ou que je cherche un outil, Nicolas prend toujours le temps de m'expliquer et me montrer, c'est vraiment très agréable de travailler dans ces conditions!
Et puis j'apprécie beaucoup de lier à la fois la réflexion (calculs, mesures), le travail manuel, l'utilisation d'outils et la vision concrète du travail réalisé!



Habituellement, pour les maisons ossature bois / isolation paille, la paille vient se loger entre les morceaux de bois de la structure. Nicolas et Laure ont choisi une autre option: la paille est montée à l'extérieur de l'ossature bois. L'inconvénient, c'est la surface au sol supplémentaire que ça implique, mais ca présente également de gros avantages:
- pour le montage du mur en paille: beaucoup moins de découpe des bottes de paille pour les loger entre les morceaux de l'ossature, donc une mise en oeuvre plus facile et plus rapide
- esthétisme et praticité: la structure bois sera visible depuis l'intérieur, car non noyée dans la paille et sous l'enduit, et pourra servir de support direct pour des aménagements (électricité, étagères, etc...)

Aujourd'hui, les murs extérieurs sont enduits de chaux. L'utilisation d'une projetteuse a rendu le travail rapide et efficace. La paille est donc à l'abri pour passer l'hiver, et l'aménagement intérieur va pouvoir se poursuivre à l'abri!




23 oct. 2011

La Fontaine Minérale



Quelques habitants de Pont-de-Barret m'avait parlé de "La Fontaine Minérale", un bar-resto-guinguette situé à l'extérieur du village. On me l'avait décrit comme un lieu charmant, historique et atypique. Son nom provient de la source qui coule toute l'année dans la cave. Appelée "La Souveraine",  "la reine des eaux qui guérit tous les maux", c'est une eau naturellement pétillante, qui était utilisée à une époque en cures et thermes, et même embouteillée et vendue. Elle est excellente à boire, mais son taux en fer très élevé l'empêche aujourd'hui d'être qualifiée potable selon les normes européennes.

Un dimanche midi, je décide donc de m'y rendre pour voir ce qu'il s'y trame.
Déjà, l'emplacement est original: à la sortie du village, on emprunte un petit tunnel qui nous fait basculer dans les gorges du Roubion. La transition est surprenante: on se retrouve soudainement sur une petite route au caractère sauvage, ombragée et fraiche, bordée de rochers, d'arbres, et longeant le Roubion... jusque apercevoir quelques centaines de mètres plus loin des lumières multicolores...
On arrive alors sur une belle bâtisse, entourée de forêts, prairies, pelouses, égayée par les terrains de boules sous les platanes, les guirlandes lumineuses, la roulote, les clients attablés sur la terrasse ensoleillée et les enfants jouant au bord du Roubion !

Ca donnerait envie d'y rester quelques temps!

Et ça tombe bien: un chapiteau est en cours de montage, pour accueillir une semaine de festivités, ateliers et spectacles sur le thème du cirque. Je propose donc mes services à Félicien, Jeanne et Same, qui m'accueilleront volontiers le we suivant, pour les 3 jours d'animations et concerts!

20 oct. 2011

Retour à Pont de Barret & Trattoria il Cerreto

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Ce jeudi 20 octobre, je reprends le train jusque Montélimar, d'où je repars à vélo pour rallier Pont De Barret. Ce n'est pas long, seulement 25 km à parcourir, mais le vent de la vallée du Rhône souffle en rafales! Je me le prends soit de face, dépassant avec peine les 10 km/h, ou bien de côté, me faisant trop souvent frôler le fossé!
En fin d'aprèsmidi, je retrouve Carole chez elle. Carole est une ancienne animatrice/éducatrice des quartiers chauds de Lyon. Depuis qq années, elle s'occupe avec son mari Alberto d'un très sympathique petit resto italien au village: la Trattoria il Cerreto!
Nous nous étions rencontrés lors de la fête du village, début juin, et nous avions ensuite échangé qq mails. Mon premier passage à Pont de Barret avait été assez bref, et les mails de Carole m'ont donné l'envie de repasser dans ce village, pour prendre un peu plus le temps de rencontrer les personnes que j'y avais croisées.
Elle m'accueille avec une bonne tasse de thé bien chaud, puis une bonne assiette de "pasta" avec ses enfants, Léo et Yann, suivie d'une riche soirée à discuter.
N'ayant pas de programme établi, je propose de rester qq jours avec eux, en leur donnant un coup de main au resto.
Me voilà donc apprenti serveur, dressant les tables, prenant les commandes, servant pizzas, pastas et vins, débarassant les tables et encaissant les notes des clients! Merci pour votre confiance, les délicieuses pizzas et le succulent tiramisu à la noisetine!

Alberto, Léo, Nico, Nadine, Yann & Carole.

Entre les services, nous discutons, nous rendons visite à Ava, la jeune jument de Léo, et nous nous baladons dans les hauteurs de Pont de Barret.

En balade dans les hauteurs.

Puis vient la fin du we: Carole et sa famille préparent leurs affaires pour 2 semaines de vacances bien méritées en Italie!
Pour ma part, je rejoins Nico, Laure, et leurs enfants Louison et Laïla, chez qui j'étais passé en juin pour donner un coup de main sur l'auto-construction de leur maison bois/paille.

19 oct. 2011

Remise en selle imminente

Après un mois d'arrêt, je me remets aujourd'hui en selle! Au départ, j'ai été contraint de m'arrêter pour régler ce problème de pédalier, et puis finalement j'ai vendu mon vélo pour en racheter un autre plus polyvalent, qui me permettra de rouler facilement sur des pistes ou routes défoncées le jour où elles se présenteront, et qui sera plus à même de rouler à l'étranger si un de ces jours je pars explorer de lointaines contrées!

Moralement, cette pause a aussi été bénéfique: de la montagne, du bon temps, des soirées, des retrouvailles d'ami(e)s et d'ancien(ne)s colocs, sur Dijon, sur Lyon, sur Grenoble, dans le Pilat, un stage shamanisme et art-thérapie,...
Cela m'a permis de me poser un peu et de laisser décanter la foule de découvertes de ce début de voyage. Mon esprit a reçu une "hyper-stimulation" sur de multiples thématiques: pas facile d'approcher de nouvelles façons de penser, de vivre, de consommer, de polluer, de se déplacer, de s'alimenter, de se loger, d'éduquer, de cultiver!
C'est une remise en question permanente, et il est parfois difficile d'échanger avec des personnes qui ont choisi des modes de vie atypiques, en accord avec des convictions et des prises de conscience, sur des thématiques auxquelles je n'ai même parfois encore jamais réfléchi!

Aujourd'hui, je repars de Grenoble direction Pont de Barret, pour recroiser qq habitant(e)s rencontré(e)s il y a qq semaines à la fête de village. Ensuite, c'est encore flou, peut-être un chantier participatif paille et enduits dans un ecovillage au dessus de Privas, ou un wwoof au Hameau des Buis (une ferme, une école alternative, et un lieu de vie inter-générationnel), ou peut-être une descente vers le sud à travers les Alpes.
Etant donné que je n'arrive pas à me décider, je vais me remettre en selle et voir ce qui se passe, quelle piste je sentirai le mieux, quel contact sera le plus attrayant? On verra bien!

Le pré-re-départ est un moment d'appréhension... surtout avec l'arrivée du froid, les journées de plus en plus courtes, une météo plus changeante... J'appréhende les bivouacs à venir, les longues soirées tout seul... mais d'un autre côté, je me dis que maintenant que l'on est sorti de la période estivale, il y aura moins de passage, moins de touristes, moins de wwoofeurs, moins de cyclistes sur les routes... les rencontres seront donc je pense plus faciles et plus intenses.

A bientôt!

20 sept. 2011

Chômage technique

Voilà une semaine que je suis en "pause" obligatoire, chez mon ami Thierry, entre Grenoble et Lyon...
Mon vélo est entre les mains de Scott, chez qui je l'avais acheté. Apparemment, il faudrait changer le boitier de pédalier... la pièce est en cours d'acheminement. Je suis autant étonné que mécontent de ce souci technique, car ce n'est pas normal qu'au bout de si peu de temps, un boitier de pédalier de cette qualité doive être changé!



Je profite donc de ce "chômage technique" pour mettre à jour mon blog... Je n'avais pas réussi à prendre le temps de le faire avant... et je n'avais jamais de connexion suffisante pour publier des photos.

15 sept. 2011

Pont De Barret

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Après le Ventoux, je remonte vers le Nord, pour un chantier paille. 2 jours de pédalage le vent dans le nez... Moralement, je trouve plus facile de monter une côte que de rouler sur du plat le vent de face!

La Ferme de la Feïe

A Pont de Barret, j'arrive à la ferme de la Feïe, chez Laure et Nicolas et leurs 2 enfants. Ils sont installés paysans depuis 5 ans, sur une petite structure: 17 ha, 60 brebis laitières dont le lait est transformé en divers fromages et yaourts qui seront ensuite intégralement vendus en vente directe.
C'est un bel exemple d'agriculture paysanne, et cela montre qu'il est encore possible aujourd'hui de faire vivre une famille avec une petite structure bien menée, à la production bien valorisée. Ils ont également limité leurs besoins. Ainsi, leurs revenus leurs suffisent, et ils ne cherchent pas à s'agrandir, pour ne pas faire d'emprunt et ne pas augmenter leur charge de travail.

Actuellement, le travail sur la ferme est minime: les brebis sont taries en attendant la période d'agnelage. Ils consacrent donc leur temps à la construction de leur future maison, en ossature bois et isolation en bottes de paille.



Fête au village & dynamique humaine et rurale

Mon passage à la ferme de la Feïe ne tombe pas au meilleur moment... Ce we, c'est la fête du village et Nicolas est le président du comité des fêtes. Ensuite, Laure et Nicolas ont divers engagements et ne seront pas présents sur la ferme. Je reste donc seulement 3 jours, le temps de donner un coup de main à la fête, et passer une aprèsmidi à continuer de monter un mur en paille.
Cette fête a été l'occasion de faire qq rencontres aussi agréables qu'atypiques:
- un ingénieur en droit rural éleveur de poulets
- un moniteur de ski nautique, handicapé moteur
- une infirmière rénovant un hangar en futur habitation isolée en paille
- un ingénieur des ponts et chaussées, musicien professionnel depuis 15 ans, et futur épicier du village
- un des membres fondateurs de la communauté de Jansiac, près d'Eourres, fortement orientée anticapitalisme, autonomie et décroissance
- une ancienne éducatrice des quartiers "chauds" de Lyon, aujourd'hui restauratrice

La région présente ainsi une belle dynamique humaine et rurale:
- des familles se sont rassemblées pour faire un groupement d'achat, ce qui leur permet d'acheter en grandes quantités une bonne partie de leur alimentation en bio (moins cher et plus propre: moins de déplacements et d'emballages)
- des paysans se sont rassemblés pour ouvrir une boutique de vente directe, et chacun s'occupe de la boutique à tour de rôle. Les avantages sont doubles: c'est une plus grande marge pour les paysans et un prix moins élevé pour les consommateurs
- une épicerie culturelle s'apprête à ouvrir au village

7 sept. 2011

De Orpierre au Mont Ventoux.

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BIVOUAC AU COL ST JEAN

Je repars d'Orpierre en toute fin d'aprèsmidi, je roule à la fraîche, le soleil descendant de plus en plus. J'atteins le col St Jean de nuit, en espérant trouver un coin plat pour poser ma tente.
Qq minutes plus tard, il faut nuit noire... il n'y a quasiment plus aucun bruit. J'entends vaguement un chien aboyé dans la vallée... puis ce sont les animaux nocturnes qui donnent le ton: des cris, piaillements, hululements sortent de la forêt qui m'entoure...
Je me surprend à me sentir peu rassuré, alors que je suis juste tout seul, en montagne, près d'un col où la circulation à l'air néante la nuit, aux abords d'une forêt.... qu'est ce qu'il pourrait bien m'arriver? Je suis donc pris par ces peurs débiles, qui doivent provenir de nos lointains ancêtres, et bien ancrées dans notre cerveau reptilien!
Je m'active alors pour faire du feu: reconstruction d'un rond de pierres, récolte de petit branchage de sapin, sciage de bois (vive ma scie de rando emmenée dans mes sacoches)!


C'est étonnant à quel point un feu peut faire du bien: ça éclaire, ça réchauffe, ça rassure, et je me suis aussi rendu compte que je me sentais moins seul (peut-être parce qu'un feu, c'est vivant? Il faut effectivement avoir une attention permanente sur lui, pour éviter tout accident, et l'alimenter pour qu'il continue à brûler...).
Au départ, je pensais dormir à la belle étoile, et finalement j'opte pour le montage de la tente: je me sentirai plus tranquille...!

Au petit matin, c'est le bruit d'un camion qui me réveille... puis des portes qui claquent, des hommes qui parlent... Je sors de la tente pour voir ce qu'il se passe. En même temps que je découvre le paysage, j'assiste à l'arrivée de toute une troupe des travaux publics: camions, semi-remorques, et autres gros engins pour refaire du bitume! Je ne m'attarde donc pas, pliage du bivouac et en selle! Ça commence par une descente: cool!

Un lieu de bivouac plutôt agréable!
Enfin... pas si agréable que ça finalement!


LE MONT VENTOUX, ACTE I

Pendant la pause picnic, je me fais piquer par une guêpe au mollet... M**** ! La dernière fois que ça m'était arrivé, j'étais ado, en mobylette, et j'avais le bras qui avait doublé de volume! J'espère qu'aujourd'hui, la réaction à la piqûre ne sera pas trop gênante! Je reste donc tranquillement une heure de temps à l'ombre, pour attendre de voir ce que ça donne... ça forme une boule, genre une grosse cloque, mais ça n'a pas l'air de s'étendre...
Je reprend donc la route pour atteindre Sault, le village d'où part la montée la plus facile pour le Ventoux (26km, 5% de moyenne, 1220m de dénivelé positif).
Je m'arrête chez un velociste car j'ai l'impression d'avoir un léger jeu dans le pédalier... et je veux corriger ça avant d'attaquer le Ventoux, pour éviter toute casse ou usure prématurée. Effectivement il y a un peu de jeu, mais c'est rapidement corrigé, Christophe est connaisseur et équipé des bonnes clés!
Merci à lui pour le brin de discussion et la petite intervention mécanique offerte!

Il est environ 18h00, je décide alors de commencer à grimper vers le Ventoux... ce qui sera monté aujourd'hui: ce sera ça en moins pour demain! La météo est incertaine, le ciel est noir et menaçant... je me renseigne sur le début du parcours dans une ferme: 5 km plus haut, je trouverai un préau près d'une chapelle, avec un point d'eau!

Effectivement, 5 km plus haut, je trouve:
- un préau au bord de la route, avec des tables de picnic, et tout plein de déchets et d'odeurs d'urine
- une chapelle fermée à clé
- une source rendu inaccessible, sous clé, pour éviter toute pollution

Heureusement, j'ai trouvé un peu plus haut, à l'écart de la route et au bout d'un chemin de caillasses, une jolie maison isolée, avec un beau préau tout propre et accessible! La maison est fermée, personne aux environs, ce doit être une maison de vacances... je m'installe donc sous le préau!


Le matin, après une nuit marquée par les éclairs, je rattaque doucement la montée, en étant attentif à ma jambe qui n'avait pas dégonflée... Une heure plus tard, je suis obligé de m'arrêter: la réaction allergique continue à prendre de l'ampleur. En descendant de vélo, je n'arrive même pas à me tenir debout! Le gonflement est descendu dans la cheville et le pied: je ne distingue même plus ma malléole!

Aïe !
Je fais donc demi tour, retour vers Sault pour trouver un médecin, qui me mettra sous antibiotique et cortisone!
Bon... et bien le Ventoux, ce sera donc pour une prochaine fois...


LA FERME PEDAGOGIQUE DE L'OISELET site web

Pour éviter de trop rouler, je me rend à la ferme pédagogique de L'oiselet, près de Carpentras, pour qq jours en wwoofing. Une journée de vélo suffit pour m'y rendre, quasiment tout en descente, à travers les magnifiques gorges de la Nesque.

Gorges de la Nesque.
En arrivant à la ferme de l'Oiselet, je suis reçu par Rose, qui s'occupe surtout de la partie accueil et animation, son mari Claude s'occupe lui des vignes et de la cave, toute la production est certifiée biologique.
La ferme n'a pas véritablement une vocation de production. On y retrouve une grande parcelle de tomates et cucurbitacées, un jardin de plantes aromatiques et légumes anciens (plus de 200 variétés de melons!), un verger conservatoire et une basse-cour. L'objectif est double:
- maintenir une large biodiversité végétale et animale
- éduquer au goût et à la nature un large public (particuliers, scolaires, classes vertes,...)

Je suis arrivé sur cette ferme dans la période "rangement". C'est la période de transition entre la fin de l'été et la rentrée avec les animations scolaires. J'ai donc pu participer à la récolte de courges, aux soins aux animaux (lapins, volailles, ânes, vache, moutons, chèvres, cochons, canards, oies, ...) et j'ai aidé au rangement, mais je n'ai pas assister aux animations pédagogiques.

Des yourtes sont aussi là pour accueillir des personnes passant plusieurs jours sur la ferme ou dans les environs. La période creuse m'a permis d'y passer quelques nuits: c'est plutôt agréable et confortable!




LE VENTOUX, ACTE II

Après une petite semaine à la ferme pédagogique de l'Oiselet, je ressens le besoin de me remettre en route. Hier j'ai reçu l'info qu'un chantier paille est en cours dans la Drôme, je décide donc de repartir vers le nord pour aller participer à ce chantier.
L'idée d'essayer de faire le Ventoux me trotte toujours dans la tête... ma jambe a repris ses formes habituelles, et c'est à peu près sur ma route pour rejoindre le val de Drôme!
En début d'aprèsmidi, après 25 km, j'arrive donc à Malaucène, le petit village d'où part l'ascension par l'ouest. Comme à Sault, il y a tout un tas de vélos et cyclistes en pagaille, sur les trottoirs, dans les bars, dans les restos, sur les routes alentours... C'est incroyable comme cette montagne attire les cyclistes! C'est là que j'ai réalisé que le Ventoux est une ascension "mythique" dans le milieu du cyclisme: belges, allemands, hollandais, italiens, espagnols, anglais, ... viennent jusqu'ici pour le gravir! Durant le début de la montée de la semaine passée, j'avais même vu quelques cyclistes, suivis par la voiture familiale, appareil photo rivé à l'oeil et caméra au point pour immortaliser la montée!
Je prend qq infos au village: la montée fait 21 km, et à 16 km, il y a une station de ski, ouverte l'été avec un camping et de l'eau. Je me décide donc à commencer à grimper. Au mieux, je vais jusqu'en haut en une fois, et si c'est trop dur, je m'arrêterai bivouaquer, puisque je monte avec tous mes bagages.
Je démarre la montée par une pause picnic: du pain, du jambon sec, du fromage, du nougat et du chocolat! J'essaye de manger assez pour emmagasiner de l'énergie, et pas trop pour ne pas me sentir top lourd pour pédaler! Mon vélo et mes sacoches attirent la curiosité d'un groupe de boulistes: ils viennent me voir et m'interrogent pour savoir d'où je viens et où je vais... Ils ne veulent pas me croire que je veux me lancer dans la montée du Ventoux... c'est sûr qu'avec un vélo de 42 kg, ça en démotiverait plus d'un! Je leur dis que je ne me rend pas bien compte car je n'ai jamais vraiment été un cycliste, mais que je veux tenter. Et puis si c'est trop dur, et bien tant pis: je ferai demi-tour!

Je suis prévenu...

Je démarre vers 16h00... au bout de 3 km, je pose pied à terre! Je suis essoufflé... j'ai du démarré un peu trop vite, il faudrait que je pédale plus doucement... et puis 9%, c'est quand même raide! Je me demande si ça va être possible que je tienne le coup sur toute la montée?!

A 3 km, 1er pied à terre... ça va être dur!

A 10 km, je marque une bonne pause, le temps de manger une banane et quelques fruits secs. Je n'ai pas vraiment faim, mais je sais que si je chope la fringale, ce sera impossible de repartir et je devrai faire demi-tour. Un couple de retraités en ballade me demande si je monte ou bien si je descends. Je lui répond que je monte et il me dit alors "c'est beau d'être jeune!". Ça fait plusieurs fois que des gens me disent ça, et ça m'énerve! Comme si être jeune était suffisant pour justifier de pédaler tout seul sur un vélo chargé de bagages?! Je suis d'accord que "être jeune" est une condition potentiellement facilitante, mais j'aimerais que les gens tiennent plus compte de la volonté et de la motivation! Des "vieux" et des retraités, j'en ai déjà croisé des tas en montagne, et il y en a aussi beaucoup sur les pentes du Ventoux... et j'espère que quand j'aurai leur âge, je serai en capacité de faire ce qu'ils font!
Bon... revenons à nos moutons...
Seulement 2 virages après cette pause, je remet pied à terre: je suis séché par la pente: 12% !! P***** que c'est raide! Sitôt que je remonte en selle, je m'arrête au bout de 100m... et ça pendant plusieurs km!

12 %... pppfffff que c'est raide!!

Quelques virages plus haut, nouvelle pause dans une épingle: j'avale qq fruits secs et un peu de nougat. Je commence à me dire que le sommet est physiquement accessible, mais ça va être juste, et si et seulement si le moral aussi tient le coup!
Arrivent enfin les 16km et la station du Mont Serein! Je demande de l'eau à une voiture garée sur le bord de la route. Je discute avec le monsieur, qui connaît bien la montée. Il me dit qu'il reste 5km, que les 2 prochains km sont très raides, mais que là où j'en suis le plus dur est derrière moi!
Bon... si le plus dur est fait, ça veut dire que je ne devrais pas en baver plus que ce que je viens de monter... Et puis si je m'arrête ici pour la nuit, je me dis que repartir en pleine pente, à froid, demain matin: ce sera vraiment très très dur. Je me décide donc à continuer!

Les 2 épingles suivantes sont effectivement très raides...


Mais les paysages s'ouvrent de plus en plus, et ça aide le moral!


A la sortie de la forêt, le sommet pointe enfin le bout son nez. Il parait tout proche, à portée de main! Mais l'accès n'est pas aussi aisé, il reste 2 km de lacets pour l'atteindre... Et sortir de la forêt, c'est aussi s'exposer au vent. Il tournoie et souffle tellement fort qu'il me déséquilibre! C'est l'horreur de pédaler dans ces conditions! Je pédale aussi vite que si je marchais: 6km/h!
Mais de toutes façons, je n'ai plus le choix: je suis presque arrivé, et il faut que je monte au sommet pour pouvoir me mettre à l'abri!

 
Dans ces derniers km, j'ai le corps entier sous tension, je m'accroche fermement au guidon, je sers les dents au point d'en avoir mal à la mâchoire, et je crie de rage contre la pente et le vent! J'ai rarement connu un effort aussi soutenu!
A la sortie d'une épingle, après 2h32 de pédalage, c'est enfin la libération: je suis  arrivé! J'ai grimpé le Mont Ventoux!! YYYIIIIIIIHHAAAAAAAAAAA!!!

Sommet !!!


Le vent souffle en rafales, il s'engouffre dans le bâtiment du sommet et fait claquer les passerelles et conduits métalliques, des tas de canettes de soda et de bouteilles plastiques volent... Je me met donc rapidement à la recherche d'un coin pour bivouaquer, et je trouve en contrebas une petite chapelle ouverte: ce sera mon abri pour cette nuit! Dans la descente vers cette chapelle, en poussant mon vélo, à deux reprises je me suis retrouvé bloqué par le vent: impossible d'avancer tellement les rafales sont violentes! La nuit sera douce: c'est une sensation très agréable de se sentir à l'abri pendant que la tempête fait rage à l'extérieur.


Le lendemain matin, le vent s'est calmé, et je profite de la vue. L'arrivée côté Est parait lunaire: ce ne sont que des cailloux sur plusieurs km...


Avant de démarrer la descente, je vérifie la gomme de mes patins de freins: c'est bon, il en reste assez! J'amorce la descente doucement, puis me laisse porter par les courbes. Les bras travaillent bien plus que les jambes: avant les épingles, les freinages sont soutenus et il faut retenir mon corps qui voudrait partir vers l'avant! Je croise de nombreux cyclistes, je les salue tous en les encourageant d'une signe de la main. Certains ne lèvent pas la tête, ils en bavent de trop, tandis que d'autres font les yeux ronds en me voyant: je suppose qu'ils me prennent pour un ovni avec tout mon barda! Moi je me sens léger, fier et joyeux!
Lors de belles lignes droites en bon bitume, je me laisse entraîner par la pente... en voyant que je prend beaucoup de vitesse, je rajoute qq coups de pédale histoire de voir jusqu'à combien je peux aller... et je réalise une pointe à 87,2 km/h: ça décoiffe!


J'avale la descente en 27 minutes et de retour à Malaucène, je m'offre un bon café au soleil pour fêter ce Mont Ventoux!