24 juil. 2012

Die et le Diois, un nouveau pays de coeur

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Voilà presque 5 mois que j’ai fait escale à Die, pour prendre le temps de rencontrer plus longuement quelques personnes avec qui j’avais été bénévole aux Rencontres de l’Ecologie en début d’année…
Aujourd’hui, je suis toujours à Die, longue étape où je joue encore les prolongations, mais la remise en selle est imminente, ce qui me pousse au difficile exercice d’écrire et synthétiser ma tranche de vie passée ici…
Je ne sais pas vraiment pas quel bout commencer, tant cette longue étape a été riche d’expériences, de rencontres, de nouveautés, de découvertes, …  5 mois, ca peut paraître « court », ou « pas long», tout dépend si on se place dans un référentiel de voyage ou à l’échelle d’une vie… mais dans tous les cas, 5 mois, c’était le temps nécessaire, peut-être même le temps minimum, pour moi, pour explorer de multiples facettes du Diois. Et même au bout de 5 mois, je garde une tenace sensation qu’il y a d’innombrables choses que je n’ai même pas encore entraperçues, tant la diversité humaine, culturelle, naturelle, associative, et artistique du Diois est dense… !

Un aperçu de Die.

Le Diois est comme un cocon, c’est une petite plaine bordée de montagnes, qui commence après un étrangelement rocheux, et se termine dans les montagnes du Haut-Diois. J’ai vraiment cette sensation d’enceinte, de territoire préservé, comme protégé de l’agitation du vaste monde. C’est probablement cette forme d’enclavement, cette distance géographique avec les villes de la vallée du Rhône, et ces reliefs alentours qui ont en partie forgé le pays Diois. Et puis il y a évidement le passé : le Diois est depuis longtemps une terre de militants et de résistants (nous sommes au pied du Vercors), et beaucoup de « soixante huitards » sont venus se réfugiés ici. Ces générations ont forcément laissé des traces et des fondements dans la mentalité du pays : travailler, oui mais pas pour n’importe qui et n’importe quoi, savoir prendre le temps, préserver les ressources, les paysages, l’eau, essayer de s’extraire de notre société à problèmes en inventant des solutions acceuillantes et durables, réinventer le faire-ensemble, etc…
Je suis vraiment époustouflé de tout ce qui se passe sur ce territoire, tous domaines confondus.
Je vois Die comme une sorte de point névralgique, de laboratoire, où convergent, s’entrecroisent et s’émultionnent tout un lots de personnes, de parcours, de projets, d’idées et d’énergies !
C’est un peu comme si ici, le terme « utopie » résonnait plus fort qu’ailleurs, et que la palette des possibles allait toujours en grandissant !

Le Glandasse, LA montagne Dioise.

J'ai passé quelques heures à rédiger ce long article. Pour plus de facilité et de lisibilité, je l'ai découpé en plusieurs thèmes/paragraphes que voici... Bonne lecture et n'hésitez pas à y laisser un commentaire ou m'envoyer un mail (cf onglet contact du blog) !

1 - Des maisons plus qu’acceuillantes...
2 - Population Dioise
3 - Travaux aux Locaux Loco
4 - Traction animale et fabrication d’un séchoir chez Marie-Pierre
5 - Alimentation : du bio, du frais, du local !
6 - Le Diois: intelligence collective et territoire en transition
7 - Diversité culturelle et artistique
8 - Voyage initiatique…?
9 - Refugié... ?


1 - Des maisons plus qu’acceuillantes...

A mon retour à Die début mars, je passe qq coups de fils à des bénévoles des Rencontres de l’Ecologie, pour trouver un lieu où passer qq jours...  Au téléphone avec Marise : « Heu… et bien en fait je ne suis pas là, je suis pour encore une semaine dans le Nord de la France ! Mmmhhhh… attend voir… je vais appeler mes voisins pour qu’ils te donnent mon double de clé, et installe toi chez moi ces prochains jours ».
Je suis littéralement « bluffé ». Avec Marise, nous nous connaissons à peine, certes nous avions eu un bon échange et une bonne accroche l’un avec l’autre pendant les Rencontres, mais de là à me confier son appartement, je trouve cela extraordinaire ! C’est la première fois que cela m’arrive, et cela me parait fou de prêter son appartement, à distance, à quelqu’un qu’on connait à peine ! Merci encore Marise pour cette marque de confiance dont j’ai encore du mal à sentir pleinement la dimension.
Après qq jours chez Marise et des retrouvailles avec des bénévoles des Rencontres, je reprends mes sacoches pour les déposer chez Aurélie, où je retrouve également Sophie. Puis Sophie trouve d’autres maisons d’accueil dans le Diois, maison à garder ou bien maison où prendre des cours d’accordéon, et moi je remonte chez Marise, qui est de retour du Nord, et me propose de rester le temps dont j’aurais besoin…
J’y resterai presque 2 mois, m’y sentant « comme à la maison». Marise m’épate : elle a l’âge de ma maman, vit seule, et du jour au lendemain, se fond avec facilité dans un quotidien partagé, avec moi qui a l’âge de son fils.
Quelques semaines plus tard, je rencontre Gaëlle sur une brocante. Ce sont nos vélos identiques qui initient la rencontre (les vélos de voyage ne courent pas les rues…), et après un quart d’heure de discussion, Gaëlle me propose de me prêter sa maison pendant ses vacances…  « Whaou ! » Même si c’est la seconde fois que cela m’arrive, je suis tout autant épaté qu’on puisse proposer de prêter son chez-soi à quelqu’un qu’on connaît à peine ! Et cela tombe très très bien, puisque ces dates collent parfaitement avec la venue de la fille et les petits-enfants de Marise chez elle. On m’offre donc  la très agréable et confortable solution de laisser la petite famille se retrouver tranquillement, sans cyclovoyageur au milieu…
Après une dizaine de jours chez Gaëlle, c’est Aurélie qui me réouvre sa porte en me proposant de venir qq jours… Ces qq jours se rallongent en qq semaines… et aujourd’hui, cela fait 2 mois que nous partageons son appartement.
Ici, le quotidien m’offre une sorte de petite formation cuisine végétarienne. Les légumes, fruits, épices, tisanes et thés sont à l’honneur. Nous cueillons et ramassons une palette de feuilles et fleurs : thym, aigremoine, tussilage, tilleul, menthe, mélisse, lavande pour les tisanes, et cueillette de mures et fraises pour les transformer en confiture maison.

Séchage de cueillettes et tissage chez Aurélie.
Depuis qq semaines, je m’occupe de faire le pain, à la main (bien meilleur qu’à la machine !) et j’ai de plus en plus de difficultés à apprécier le pain conventionnel de boulangerie… Je suis aussi en train de m’essayer à cuisiner les pois cassés pour en faire une sorte de houmous délicatement parfumé à la menthe et relevé au piment d’espelette ! Un régal.

Plutôt content du résultat.
Je suis à la fois épaté et dérouté d'avoir été acceuilli avec tant de confiance, de simplicité, de chaleur et de considération. Et quelle joie pour moi d’être hébergé avec plaisir, plutôt que pour me dépanner, et de savoir que des portes resteront toujours ouvertes pour quand je repasserai par ici! Mille Mercis!


2 - Population Dioise

Avant de poser mes sacoches sur Die, j’avais l’image d’un territoire rassemblant surtout des « baba-cools » et « marginaux » (au sens habituel du grand public, je suis en train de revoir ces qualificatifs…), d’où se dégageait une nonchalance très marquée.
C’est un fait : le Diois est un secteur où il fait bon vivre. On y trouve de nombreux artisans, artistes, baroudeurs, musiciens, militants, résistants, … 
Die me rappelle le village d’Eourres ( où j’avais fait étape en août 2011), à plus grande échelle, avec ce grand contraste entre une population très engagée, dynamique et entreprenante sur une diversité de projets alternatifs, et une population qui se laisse un peu plus porter, qui vivote.
Sur Die, je n’ai fait quasiment que des « vraies » rencontres, où l’on parle de soi, de son parcours, ce qui donne à la rencontre son caractère profond et sincère. La quasi intégralité des personnes que j’ai rencontré ici ne sont pas natives du Diois, elles y sont arrivées par choix ou par « hasard », souvent après un parcours de vie très varié, souvent éclectique, parfois chaotique, avec ses creux et ses bosses… ce qui offre un recul certain sur la « vie » et une grande richesse dans l’échange.


3 - Travaux aux Locaux Loco

Pendant les Rencontres de l’Ecologie, j’avais rencontré Marie, avec qui nous avions travaillé en cuisine.  Ce printemps, Marie a repris avec Vincent les rennes d’un restaurant/ cantine associative : le Locaux-Loco, avec qq travaux d’intérieurs à réaliser avant la réouverture.
J’ai donc passé presque 2 semaines avec eux, à démonter une estrade, poser du parquet flottant, fabriquer des étagères (un vrai casse-tête avec des murs et des angles pas droits !), bricoler des prises électriques, peindre, démonter un climatiseur…
Ca a été un vrai plaisir de travailler avec eux, et j’ai beaucoup aimé travailler le bois. Je n’avais ni connaissances, ni expériences particulières, mais je me suis fais confiance (en particulier à ma jugeote et à mes mains) et tout s’est bien déroulé. J’ai ressenti un peu de fierté de voir que j’ai été capable de réaliser ces petits travaux. En généralisant, c’est comme beaucoup de choses de la vie quotidienne, lorsqu’on ne fait pas certaines choses, c’est souvent parce qu’on ne les a jamais faites… et qu’il suffit bien souvent de se faire confiance et de se lancer pour se rendre compte que « si, je suis capable, je sais faire ! ».


J’ai particulièrement apprécié le déroulement : pas de précipitation, pas de hiérarchie marquée, même en n’étant pas directement concerné par ce lieu, mon avis était pris en compte lorsqu’on discutait de choix d’emplacements, de matériaux, de couleurs, d’organisation, etc… Merci Marie et Vincent de la grande confiance que vous m’avez accordée, cela me touche.


Aujourd’hui, dans une version embellie, le Locaux Loco c’est :

- Un restaurant à dominance bio, végétarienne et locale, où les intolérants au gluten trouveront toujours de quoi se mettre sous la dent, et où toutes les bourses peuvent se restaurer grâce aux prix modestes et à la possibilité de composer soi-même son assiette
- Un lieu où on se rencontre en mangeant, puisque les qq grandes tables permettent de faire se rapprocher et mixer les clients
- Une petite épicerie de producteurs locaux
- Un dépôt vente de créations d’artistes et d’artisans
- Un lieu d’expositions et de petits spectacles
- Un espace associatif, d’expression et d’information

Si vous passez sur Die, n’hésitez pas à aller faire un tour au Locaux Loco, c’est beau, c’est chouette, c’est accueillant, c’est agréable et c’est bon !


4 - Traction animale et fabrication d’un séchoir chez Marie-Pierre


Marie-Pierre est connue dans tous le Diois pour ses tisanes, qu’elle prépare à partir d’une quarantaine de plantes aromatiques et médicinales, cultivées en bio dans la vallée de Quint  ou issues de cueillettes sauvages en Vercors.
Je suis allé l’aider à plusieurs reprises pour conduire un outil de désherbage, tracté par un poney. Et oui : ici c’est traction animale ! Un vieil outil retrouvé dans la grange d’un grand-père de la vallée, des voisins qui possèdent qq chevaux et poneys : tout y est pour se passer d’un petit tracteur bruyant à entretenir et qui brûle du pétrole !
Ce travail est assez rude et il faut prendre le coup de main, mais sur une petite surface comme ici, cela convient très bien !


J’ai également construit pour Marie-Pierre un séchoir pour ses plantes, sur le modèle d’un séchoir déjà existant et de fabrication maison. C’est en sachant que j’avais travaillé un peu le bois au Locaux Loco que Marie-Pierre m’a demandé si je me sentais en mesure de lui fabriquer un séchoir.  De but en blanc, je ne savais pas trop… il fallait d’abord que je vois à quoi ressemblait un séchoir, comment il était conçu, quel matériel et matériaux étaient à disposition… Quelques jours plus tard, après un repérage : « c’est ok, je te fabrique ca ! ». Je ne savais pas trop dans quoi je me lancais, combien de temps cela allait me prendre, si j’allais galérer ou non… je savais juste que mes débuts seraient certainement très lents, le temps de voir comment assembler tout cela et de prendre le coup de main.
Je suis très satisfait du résultat. J’ai réussi à construire un modèle quasi identique au précédent, d’aplomb et de niveau, alors que la plupart de mes morceaux de bois et planches n’étaient pas franchement droits !



5 - Alimentation : du bio, du frais, du local !

Depuis mon départ, mon régime alimentaire a bien changé ! J’avoue être toujours gourmand, et difficilement résister face à une pâtisserie, une noisette de beurre et un morceau de chocolat… mais je suis clairement devenu pro-bio et quasi végétarien. Je suis de moins en moins tenté par les gourmandises sucrées et tous les produits industrialisés.  Je pense que je mange moins, très certainement  mieux et bien équilibré. Mais il faudrait tout de même que j’étaye un peu mes connaissances en nutrition (surtout en ce qui concerne les légumineuses)… pour savoir quelles associations faire, et dans quelles proportions, pour assurer une consommation bien équilibrée. Dans tous les cas, ma base alimentaire actuelle est surtout constituée de produits frais et bruts, pas ou peu transformés, dont il faut prendre le temps (souvent avec plaisir) de cuisiner ! Plutôt réticent au début, mon palais s’est peu à peu accommodé à certaines préparations bio et végétales, basée par exemple sur le soja… et j’en apprécie de plus en plus les saveurs et subtilités !


Ce pot de yaourt de brebis pourrait paraître "banal", mais il est à mes yeux bien plus qu'un simple pot de yaourt, il pourrait symboliser une partie du Diois. Dans cette image, je vois un produit local, préparé par un couple de paysans passionnés en Vallée de Quint, 800 g de yaourt dans un seul contenant, en verre, qu'on réutilise à la maison pour stocker sucre ou farine, ou qu'on ramène au producteur sur le marché: pas d'emballage individuel et pas de déchet à se débarasser ou retraiter!

J’ai également très fortement revu mes critères de « qualité ». Avant, pour moi, un produit de « qualité » allait quasiment à chaque fois de paire avec une « marque »… et bien aujourd’hui, pour moi, le produit dit « de marque » ne vaut pas mieux que le premier prix… le premier critère de qualité est qu’il soit le plus naturel possible, et de très forte préférence local et non industrialisé.
Côté approvisionnement bio en Diois, c’est clairement facile : des producteurs bio locaux à retrouver sur le marché, et 3 magasins spécialisés bio, dont la Carline. La Carline est un magasin un peu particulier : à la base, c’était une association, un groupement d’achat pour s’approvisionner en bio… puis ce groupement s’est de plus en plus étoffé et ouvert à de plus en plus de familles … pour devenir aujourd’hui une SCIC (Société Coopérative d’Intérêts Collectifs) où de nombreux Diois s’approvisionnent en complément du marché.


L’idée forte que j’ai retenu de cette structure, c’est sa volonté de participer au développement de l’agriculture bio locale. La priorité est donnée aux produits locaux, dont les paysans fournisseurs / collaborateurs participent en partie à l’évaluation du prix de vente. L’idée est de trouver un juste milieu entre prix suffisamment rémunérateur pour le paysan, prix du marché, et prix accessible au consommateur ; la Carline s’engageant à prendre une marge minimum sur les produits locaux, pour que le plus gros du prix de vente revienne au paysan.
Et quand vous avez une petite baisse de motivation pour cuisiner et l’envie de manger à l’extérieur : rien de plus simple : Die compte 4 restaurants bio, dont un 100% végétarien, à la plupart des tarifs accessibles, et valorisant majoritairement des produits locaux ! 


6 - Le Diois: intelligence collective et territoire en transition

L'agriculture bio est un des fers de lance de la Drôme. Il s'agit du premier département bio français, à la fois en nombre de producteurs et en pourcentage de la surface agricole départementale. Par ici, s'installer en conventionnel n'est pas vu d'un bon oeil, et c'est tant mieux!
Au-delà du volet agricole, plusieurs petits groupes de travail et de réflexion ont été créés par des habitants du Diois, pour essayer de trouver et mettre en place des solutions pour toujours gagner un peu plus en autonomie et en durabilité (énergie, habitat, alimentation, déplacement,...)

A un échelon plus politique, il existe depuis plusieurs années, sur le territoire du Val de Drôme, le projet "BioVallée": "Une référence nationale en matière de développement durable"

"Ce grand projet vise à faire de la vallée de la Drôme une référence nationale en matière de développement durable. Cette vallée est riche de ses ressources naturelles, sols, eau, vent, soleil. Elles génèrent une biomasse avec une biodiversité quasiment unique au niveau européen à l’échelle d’une vallée de cette taille. Le pari est de préserver ces ressources tout en les utilisant pour satisfaire les besoins premiers de la population : eau potable, alimentation, logement, énergie, santé, qualité de vie sociale et culturelle… 
Quelques-uns des objectifs qui feront de ce territoire une référence :
Couvrir dès 2020 les consommations énergétiques des ménages par la production locale d’énergie renouvelable
Atteindre 50% d’agriculteurs et de surfaces en agriculture biologique en 2015
Proposer 80% d’aliments biologiques ou locaux dans la restauration collective d’ici 2015
Diviser par deux d’ici 2020 les déchets acheminés vers des centres de traitement
Ne plus détruire de sols agricoles pour l’urbanisation dès 2015
Développer dès 2011 des formations de haut niveau dans le domaine du développement durable. "

Par ici, nous sommes clairement sur un territoire où le développement durable et l'autonomie ne sont pas seulement des concepts, mais se traduisent par des actions et des projets concrets!

Je trouve que le terme "intelligence collective" est très caractéristque du Diois... cela se ressent et se voit au quotidien, à travers toutes les diverses manifestations qui rassemblent de nombreux bénévoles, les habitats groupés (comme Habiterre), les circuits de dons, d'échange et de troc, les chantiers participatifs, les entrées au chapeau ou petit budget pour les spectacles et concerts, etc...


7 - Diversité culturelle et artistique

Concert du Taraf des Trois Becs, un groupe local
Je suis époustouflé par la richesse culturelle et artistique que présente le Diois! Je regrette de ne pas avoir pris en photo chaque affiche de spectacle, bal, concert, expo, festival que j'ai vu: ca aurait donné un patchwork incroyable!
En été, la diversité est telle que chaque soir on pourrait sortir, avec même l'embarras du choix certains jours!
Les entrées sont souvent au chapeau, ou à prix très abordable, ce qui permet à tous d'accéder à cette richesse culturelle et festive.
"La Nuit du Folk" est certainement l'évènement qui m'a le plus marqué: 4 jours de festival folk, de musique et de danse, à Châtillon en Diois.


Nous y sommes allé avec Aurélie, le premier soir surtout par curiosité... nous avons quitté la sal de bal à 6h00 du matin! Une nuit magique, au son des accordéons et autres instruments du folk, trad et néo-trad... Nous sous sommes essayés à la valse, polka, scottish, bourré, danses en cercles... et j'ai été émerveillé par les danseurs de mazurka. L'ambiance qui y régnait était absolument incroyable, je pourrais même dire magique. Une salle pleine, plusieurs centaines de personnes qui dansent, venues des 4 coins de la France, dans une ambiance douce, festive, chaleureuse, simple, mêlant danseurs expérimentés et novices, petits et grands, mamies bien apprêtées dansant avec des jeunes aux longues dreadlocks... Je n'avais jamais vu une telle diversité d'âges, de genres, de tenues ... qui malgré leurs différences d' "aspect" se mêlent joyeusement et partagent le plaisir de danser ensemble!

Bez Orchestra.
Et que dire des groupes qui s’enchaînent toute la nuit! Si je ne pouvais (ou ne savais) pas danser, j'avais un énorme plaisir à simplement écouter la musique et observer les corps qui valsent, les visages qui rayonnent, les sourires qui s'échangent, les regards qui communient...
En découvrant la mazurka, je me suis aussi demandé pourquoi on ouvrait partout en France des cours de salsa ou de tango... Peut-être l'idée qu'en France nous ne disposons pas de danses suffisament sensuelles...? J'ai été submergé par la beauté de cette danse, par la grâce des danseurs et danseuses, par la fluidité de leurs déplacements, par la sensualité qui se dégage de leurs mouvements... 
Me voilà avec une nouvelle envie: celle d'apprendre et bien savoir danser les danses de bal folk, avec vous l'aurez compris, une mention spéciale pour la mazurka...!


8 - Voyage initiatique… ?

Après mon we « chamanisme » de novembre dernier, où j’avais surtout participé à des cercles de chants spontanés aux rythmes du tambour, l’étape dioise m’a offert de vivre de nouvelles expériences atypiques.

Cercle d’hommes
J’ai plusieurs fois participé à des cercles de parole d’hommes. Toutes les 2 semaines, nous sommes entre 5 et 10 à nous réunir chez un homme du groupe, pour quelques heures d’échanges et d’écoute attentive. C’est un moment privilégié, où l’on se retrouve exclusivement entre hommes, pour créer un cadre sécurisant, accueillant et bienveillant, pour s’autoriser à exprimer nos tourments, nos doutes, nos questionnements et nos problématiques intimes. Chacun est libre de parler de ce qu’il souhaite exprimer au groupe. On s’appuie sur l’écoute et l’expérience des uns et des autres, avec quelques règles fondamentales : le respect de la parole de chacun (on demande la parole et l’on ne s’exprime que lorsqu’on a le bâton de parole entre les mains) et la confidentialité. 
C’est un moment très fort que d’échanger en essayant de faire tomber nos masques, dépasser nos tabous, s’exprimer de manière parfois crue ou violente, tenter de s’affranchir du jugement éventuel de l’autre, mais surtout de son propre juge intérieur et accepter de se livrer presque nu face aux autres. Il y a parfois des frictions, des cris, des pleurs, mais c’est toujours bénéfique et positif puisque les émotions sont exprimées et accueillies.
Un grand merci à vous, Messieurs, de m’avoir accueilli au sein de votre cercle.

Biodanza



A mon retour sur Die, Cécile, qui m’avait hébergé une nuit pendant les Rencontres de l’Ecologie, me propose de venir participer à une séance de Biodanza ouverte aux débutants… Toujours dans l’idée d’expérimenter tout ce qui se présente, je m’y rends, sans vraiment chercher à savoir ce qui m’attend…
Je me retrouve avec une douzaine de personnes, dont seulement 2 ou 3 hommes, assis en cercle en se donnant la main… C’est le rituel de début de séance, se donner la main implique un contact avec ses voisins, et symbolise le lien entre nous : c’est le moment où nous relions les uns les autres. C’est également le temps privilégié pour se présenter, pour exprimer une joie, ou déposer un mal-être physique ou moral, le tout dans une épatante bienveillance.
Puis vient ensuite le temps des danses, où la parole est proscrite, pour se concentrer sur ses ressentis et développer une forme de communication non-verbale, via les gestes et les regards. Seule Marie-Christine, notre facilitatrice, prend la parole pour diriger les exercices et nous orienter sur les mouvements et buts recherchés.
A partir d’un mouvement de base, l’invitation à danser reste libre, chacun s’exprimant corporellement comme il le sent, que la danse se déroule seul ou à plusieurs. Les regards sont intenses, nous nous découvrons et nous nous apprivoisons les uns les autres, à l’écoute de nos ressentis, et toujours attentifs à ceux des autres.
De nombreuses danses invitent à des contacts corporels plus ou moins marqués, ce qui, au début, a été très déstabilisant pour moi, surtout entouré de nouvelles personnes que je ne connais pas. En fin de séance, nous sommes invités, toujours sans la parole, à se rencontrer plus spécifiquement les uns avec les autres, à travers des étreintes. Il a fallu que j’aille chercher loin en moi pour accepter cette dernière partie. Depuis longtemps, les étreintes me mettent mal à l’aise, je ressens une forme de stress intense, de contraction de tout le corps, comme si je ne voulais pas qu’on s’approche trop près de moi, comme si ce rapprochement corporel était trop intime…  mais avec tout de même au fond de moi une petite voix qui me dit « n’ai pas peur, laisse toi aller, accepte de t’ouvrir à l’autre et de recevoir et donner tout les bienfaits et bonnes intentions qui peuvent s’échanger dans une étreinte sincère ».
Mais comment une étreinte peut-elle être sincère entre 2 personnes qui ne se connaissent pas ?? C’est une question que j’avais depuis longtemps en tête, et qui n’a plus de sens aujourd’hui.
J’ai découvert qu’une étreinte pouvait être sincère entre 2 êtres qui ne se connaissent pas, à partir du moment où on reconnait en l’autre, homme ou femme, un être qui lui aussi a ses peurs, ses souffrances, ses carences, et qu’à travers une étreinte sincère, on accepte d’accueillir et de reconnaitre l’autre… et c’est alors également un pas de plus vers la reconnaissance et l’accueil de soi-même.
Avec cette approche, les différences homme/femme s’estompent… l’  « autre » est ni plus ni moins un « être », peut importe son sexe, et quel plaisir de serrer un autre homme dans ses bras, et de ressentir cet élan et ce geste fort de fraternité.

A la fin de la première séance découverte, j’ai eu la sensation d’avoir vécu un moment hors du monde, hors du temps, comme dans un cocon, où nous avons pris le temps de cultiver la joie, la vitalité, le plaisir d’être ensemble, dans une atmosphère douce et extraordinairement bienveillante. C’était un peu comme si j’avais voyagé le temps d’une séance au pays des Bisounours …  si bien que la semaine suivante, je suis revenu, et les semaines suivantes également…
J’ai été épaté par la facilité et l’aisance avec lesquelles je me suis fondu dans ce groupe déjà bien constitué. Un gigantesque merci à vous pour l’accueil que vous m’avez fait et la place que vous m’avez laissé prendre !

Pour en savoir plus sur la Biodanza, vous pouvez lire cet extrait tiré d'internet, et consulter cette page internet.
"La Biodanza est une invitation à être pleinement dans l'instant présent, en reliant ses ressentis intérieurs à son mouvement corporel, dans un environnement sécurisant et enrichi.
C'est une proposition de mettre du cœur dans nos actions, d'intégrer l'affectivité et le mouvement dans sa vie.
L'idée force de la Biodanza est de s'appuyer sur le côté positif de chacun,  pour aider en le nourrissant, à faire grandir cette énergie en soi.
Chaque séance est constituée d'exercices danses individuels, à deux, en groupe pour stimuler de façon naturelle notre identité profonde. Un éveil de soi par le plaisir."

Méditation de pleine conscience, bols de cristal, radiesthésie, hutte à sudation, soins énergétiques, ...
Ces quelques mois en Diois ont été aussi l'occasion d'approcher quelques rituels, pratiques et personnes qui auparavant me semblaient totalement "barrés". Je n'ai toujours pas fait d'expérience particulière du "monde de l'invisible" ou de d' "autres dimensions", mais j'ai clairement changé de ressenti et d'approche.
En effet, depuis le début de mon voyage, j'ai pu cotoyer de nombreuses personnes qui me semblent à la fois tout à fait saines et les pieds sur terre, et à la fois "branchées" ou "connectées" sur des canaux, dimensions ou énergies invisibles pour la plupart d'entre nous. Ce qui me semblait auparavant "irréel" passe dans la catégorie "probable"... peut-être qu'un jour cela passera dans la catégorie "vécu"... J'aimerais en faire l'expérience.
J'essaie de m'ouvrir de plus en plus à tout ce qui est connoté de "mystique", avec toujours une part d'appréhension et de méfiance. Peut-être cette méfiance est-elle encore trop grande pour que je puisse pleinement en faire l'expérience, mais je pense qu'il est bon et nécessaire de garder un peu de recul et surtout de discernement pour ne pas se laisser totalement embarquer dans de potentielles illusions et croyances...


9 - Refugié... ?

Après presque 5 mois passés sur Die, il est temps pour moi de partir… Mais pourquoi partir si je me sens bien ici… ?
Je me suis mis dans l’état d’esprit de me laisser porter par ce qui vient, de ne pas dépenser une énergie folle à toujours rechercher et provoquer une suite éventuelle, mais plutôt accepter de suivre ce qui se présente et répondre aux invitations qui jalonnent mon chemin…
Ces dernières semaines, j’avoue que mes journées sont parfois un peu longues et creuses, ponctuées de petits coups de mains, de petites balades, de baignades… je profite du beau temps et des rivières. Mais c’est un rythme qui ne me convient pas vraiment.. ou dans tous les cas, pas dans la durée… Je ressens le besoin d’être en mouvement, d’être plus actif.
Et si rien en particulier ne m’invite à rester sur Die, c’est qu’il doit y avoir d’autres contrées à explorer et de nouvelles expériences à vivre.

Mais quitter le Diois n’est pas chose facile… j’y ai rencontré de nombreuses personnes, arrivées là par « hasard », de passage, en camion, en stop, à vélo… et qui y ont posé leur sac depuis qq mois à plusieurs années, voire dizaine d’années ! Cela fait déjà plusieurs semaines que je parle de me remettre en selle… et puis les jours passent… et je dois trouver la motivation et la rigueur de me poser devant l’ordinateur pour mettre à jour mon blog avant de partir.

En fait, je me sens ici un peu comme un « réfugié », au sens d’y avoir trouvé un « refuge ». Durant ces 5 mois, ce territoire et les rencontres que j’y ai faites m’ont beaucoup nourri et  m’ont permis de construire une forme de sécurité matérielle, affective, humaine… mais sans trouver aujourd’hui véritablement de sens à rester ici, ni de projet à y mener… Y rester pour cette sécurité n’est pas une motivation suffisante pour moi, puisque ma quête de fond est de trouver un projet de vie dans lequel j’aurais cœur à m’investir.
Je ressens une pointe de frustration de ne pas avoir trouvé ici un projet dans lequel m’investir à plus long terme, puisqu’ici, tout parait possible. Ce sera donc probablement ailleurs, à moins d’y revenir plus tard, de nombreuses maisons m’ayant offert de me laisser leur porte ouverte...

Ami(e)s Diois(ses), je vous adresse mille Mercis, vous embrasse et vous dis à bientôt!



1 commentaire:

  1. Quel bel article ! J'y retrouve la conversation sur les étreintes. Je suis tombée là tout à fait par hasard (je cherchais un truc sur les Locaux Loco) mais au bout de 3 lignes j'ai compris qui en était l'auteur !

    Bonne route, et si tu repasses dans le Diois cette année, tu auras une nouvelle porte d'ouverte !

    Bise,

    Manon (des Rencontres)

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