22 avr. 2013

Visargent


Durant ma semaine à Terre du Ciel, Célestin me parle d'un éco-lieu / collectif en train de se monter dans le coin. Une petite recherche internet sur le réseau du wwoof, et me voilà en train de prendre rdv pour la semaine suivante, mais avec qq jours de battement car il faut attendre le départ d'un wwoofeur pour que je puisse arriver.
Célestin me propose de venir avec lui pour qq jours dans la ferme familiale, qui accueille wwoofers et écovolontaires.

Je répond donc positivement à cette invitation, puisque c'est une option attrayante et fluide.


Willy et Josy, d'origine suisse, exploitent cette ferme depuis 30 ans, et toujours en bio. C'est une petite structure de 20 Ha très diversifiée:
- 7 ha de cultures (céréales et maraichage) + 13 ha d'herbe
- 5 vaches laitières
- 10 chèvres
- 3 cochons
- 40 poules
- une 20aine de ruches
- un verger avec environ 45 variétés différentes de pommes


Ici, on consomme essentiellement les produits de la ferme: beaucoup de légumes, les céréales, le fromage, le miel, le pain fabriqué sur place avec le blé de la ferme, les fruits, les jus, les oeufs,..
Aujourd'hui, de si petites structures se font rares, mais Willy et Josy ont montré qu'on peut vivre et s'épanouir sur une petite ferme, avec 5 enfants qui y ont grandis! Certes la quantité de travail est énorme, c'est une composante de l'activité paysanne, mais ils ont l'air d'avoir toujours su jongler entre obligations professionnels et temps personnel, avec l'aide de leurs enfants, de wwoofeurs et d'écovolontaires qui partagent leur quotidien. Ici, on prend le temps, on chante, on joue de la musique, on contemple les lumières du soir. C'est une ferme vivante, poétique, et ouverte.


 Ces qq jours chez Willy et Josy m'ont permis de me remémorer mes bons souvenirs de stages durant mes études! Mon séjour a été très diversifié: soins aux animaux, traite des chèvres à la main, nourrissage des cabris au biberon, plantation d'oignons, et puis qq travaux de bâtiments: retrait d'un vieux plancher d'étage, puis coupe et descente des poutres sur un chantier de rénovation.


Merci à vous, Willy et Josy, de m'avoir accueilli si spontanément!

15 avr. 2013

Terre du Ciel


Pour ma première étape de mon voyage en mode sac-à-dos, je décide de rallier la Bourgogne, pour aller passer une semaine en "chantier ressourcement" à Terre du Ciel, en Saône et Loire.
Je pars de Die en stop, sous un ciel radieux... 300 km plus au nord et 6 heures plus tard en 5 voitures, j'arrive à destination: une bien belle journée et de belles rencontres éphémères, dont celle d'une automobiliste avec qui je passerai 1h30 entre Valence et Ambérieu en Bugey, que j'ai sollicité sur une aire d'autoroute, et pour qui c'est la première fois qu'elle prend un autostoppeur!


Terre du Ciel (site internet)

"Il y a des fuites qui sauvent la vie :
devant un serpent, un tigre, un meurtrier.
Il en est qui la coûtent :
la fuite devant soi-même."
                        -Christiane Singer-
Voici la citation qu'on retrouve sur la page d’accueil de leur site internet, et qui éclaire sur l'état d'esprit et les propositions de cette structure. Terre du Ciel propose de nombreux stages, séminaires et formations, axés essentiellement autour du développement personnel et de la spiritualité: yoga, méditation, chamanisme, géobiologie, ayurvéda, danse, respiration, qi gong, énergétique chinoise, shiatsu, cuisine végétarienne, communication non-violente, ...
L'objectif est de transmettre aux participants des enseignements et des pratiques aidant à l'épanouissement et à être de plus en plus sage et conscient de soi et du monde qui nous entoure, qu'il soit matériel ou immatériel.

Les Fleurs du Vivant

Depuis 2 ans, Terre du Ciel a mis en place une formation longue (une année) destinée aux 18 / 25 ans. L'idée forte est de pouvoir proposer à des jeunes un cadre de travail et de réflexion sur eux-même et le sens de leur vie, à travers la vie collective, des enseignements issus des philosophies orientales, la pratique du yoga, de la méditation, des ateliers artistiques et de développement personnel, et une participation active à la vie du centre (acceuil, jardin, cuisine, gestion).
J'ai pu échanger un peu avec qq élèves de cette formation des "Fleurs du Vivant", et j'ai été ébahi par leur maturité et leur recherche de compréhension d'eux-même et du monde. Tout cela est très en marge des formations conventionnelles, qui proposent seulement des acquisitions de connaissances techniques et de savoir-faire pour exercer un métier... Ici, ces jeunes se retrouvent dans un cadre bienveillant qui leur permet de mener un véritable travail d'introspection et de recherche de sens.
C'est une formation unique et pleine de sens, qui je l'espère, essaimera!

Chantier Ressourcement


C'est le chantier auquel j'ai participé. Toute l'année, Terre du Ciel offre la possibilité de venir travailler bénévolement durant une semaine, au jardin, à la cuisine, ou à l'embellissement du parc. Cela permet de s'imprégner des lieux et de participer à la vie du domaine auprès des permanents.
Il ne s’agit pas de suivre un stage avec un enseignement théorique, mais de travailler dans l’esprit du compagnonnage, auprès de l’un des permanents, avec une mise en pratique de ces deux principes :
– c’est en faisant que l’on se fait,
– c’est en œuvrant auprès d’un ancien que l’on développe savoir et savoir-faire.
Avec Sandrine et Olivier, les 2 autres bénévoles de la semaine, nous avons suivi et aider Célestin, le jardinier du domaine. La semaine a été très diversifiée, entre la préparation de bandes de terre, les semis (salade, betterave, courgette,...), les plantations (choux, blettes, oignons, pommes de terre, tomates,...), la taille des pêchers et des tomates, la préparation de purin d'orties, ...


Célestin est un jardinier éclairé, passionné et pédagogue, qui prend toujours le temps de montrer, d'expliquer, pour notre grand plaisir. Et pour qu'aucune tâche ne soit ressenti comme contraignante et fatigante, il s’efforce de varier les activités au sein du jardin; ainsi, dans une même journée, nous pouviez bêcher, semer qq salades, planter qq lignes d'oignons, s'essayer à la taille des pêchers ...

Le jardin fait approximativement 1 Ha. Il est évidemment mené en bio, et permet de couvrir à 80% les besoins en légumes du centre, qui nourrit toute l'année environ 40 personnes par jour!



Mes impressions, sensations


Je suis de plus en plus attiré par les lieux et les personnes qui s'engagent dans une quête de conscience spirituelle. Terre du Ciel étant connu et reconnu dans ce milieu, j'éprouvais donc l'envie d'y séjourner. Et puis partir en Bourgogne, c'était aussi m'éloigner des montagnes, me retrouver dans un environnement naturel qui m'attire peu, pour savoir si ce que m'apportent les reliefs pouvait être remplacé par autre chose.
Ma semaine à Terre du Ciel a été agréable et intéressante, les rencontres ont été enrichissantes, mais je ne me suis pas senti particulièrement en phase avec le lieu.
J'ai aimé travaillé au jardin, semer, planter... avec tout de même une petite note de déception: celle de ne pas pouvoir suivre la sortie de terre de ces légumes, leur croissance, leur développement, avant d'enfin pouvoir les consommer, et les apprécier. Mais ce n'est que partie remise: plus tard, une fois sédentaire, je compte bien tenir un jardin et le bichonner, pour m'extasier de ce que la terre offre et de ce qu'une toute petite graine devient!

D'un point de vue humain, le séjour a été tout aussi agréable, mais sans plus. Durant mon voyage, j'ai connu des lieux très vivants, où on cultive la dynamique de groupe, le joie de vivre et d'être ensemble. 
Ici, les rencontres ont été très intéressantes et agréables, mais les personnes avec qui j'ai échangé, partagé, m'ont paru pour la plupart très introverties, communiquant peu leur plaisir et joie d'être là. Peux-être aurai-je dû clairement poser la question "es-tu bien ici? es-tu heureux de la vie que tu mènes?". Je suppose que la réponse aurait été oui, mais j'aurais quand même bien aimé en savoir plus.


9 avr. 2013

Petit bilan moral sur mon voyage ...

Voilà plus d'un an et demi que j'ai démarré mon voyage... et quel voyage! Ce n'est pas tous les jours facile, mais j'ai la conviction d'avoir entrepris un beau et bon projet.

Il est tout à la fois humaniste, initiatique, pratique, tous azimuts et évidemment alternatif. Il me permet de cultiver la confiance, en moi et envers les autres, l'ouverture d'esprit et de cœur, l'acceptation, la foi, l'adaptation. Il me permet de rentrer en contact avec une multitude de personnes, de m'enrichir de leurs parcours et choix de vie, de leurs positions politiques, de leurs actions militantes, de leurs sensibilités spirituelles, de leurs doutes, difficultés et joies.

J'adresse donc un immense MERCI à toutes les personnes qui m'ont ouvert leur porte, m'ont accueilli, nourri, hébergé, déplacé, remué, et encouragé! Et MERCI aussi à celles qui, en plus, se sont dévoilées, pour aller encore plus loin dans cette quête d'authenticité.
Au quotidien, ce qui donne sens, c'est bien la rencontre, et ce que nous nous offrons, de matériel ou d'immatériel, les uns aux autres.

A l'unanimité, mon voyage étonne, questionne... La "norme" d'un voyage au long cours à vélo, c'est la traversée d'un continent ou le tour du monde, c'est la quête de nouvelles cultures, de nouveaux paysages, le tout marqué du sceau de l'exaltation.
Mon voyage est un voyage "de fond", durant lequel je n'ai quasiment pas quitté le quart sud-est de la France... car je me suis senti suffisamment nourri par tout ce que j'y ai découvert, sans ressentir le besoin d'aller au-delà des frontières.

Au début, il a été très inconfortable, à force de se frotter à des personnes et des lieux qui provoquaient en moi une remise en question incessante sur de nombreux sujets (société, alimentation, écologie, habitat, vivre-ensemble, travail, santé, éducation, communication, ...).
Et puis au bout d'environ 6 mois, j'ai senti que je venais de passer un point de non retour. A partir ce de moment, il est devenu clair pour moi que je ne pourrais plus revenir dans un mode de vie conventionnel, à la fois grâce à de multiples prises de conscience sur les travers et perversions de notre société et de nos modes de vie, et grâce à l'élan d'espoir et d'envie d'alternatives qu'ont provoqué en moi les structures et familles rencontrées.

La suite de mon voyage ne pourra dont être qu'alternative, et comme tous ceux avec qui j'ai partagé un bout de quotidien, je vais encore et toujours poursuivre dans cette voie, cherchant à me défaire toujours plus des orientations, pressions et injonctions sociétales, pour trouver une voie juste, à la fois pour moi, pour ceux/celles qui m'entourent, et pour tout notre environnement humain et naturel.

C'est un voyage qui pourrait durer toute une vie: il y a tant à découvrir et à expérimenter! Je suis parfois fatigué de dépenser tant d'énergie à chercher le projet, le lieu, les personnes, qui pourraient créer en moi un appel m'invitant à poser mon sac et m'investir dans un projet.
Les moments les plus difficiles sont les phases où je ressens une forme d'errance, d'inutilité et d'inexistence sociale. Elles sont rares, assez déstabilisantes, mais ne durent jamais longtemps, puisque une sorte de force de vie et d'envie d'avancer reprend le dessus et me remet en chemin.
J'avoue tout de même avoir de plus en plus souvent hâte de trouver le projet dans lequel j'aurai cœur à mettre mon énergie et m'investir.

Passer du mode cycliste au mode bipède est un grand tournant: avec le vélo, je m'éprouvais physiquement et moralement, et j'ai envie d'une suite plus douce, laissant plus de place à la rencontre, allant encore plus loin dans le lâcher-prise et l'acceptation.

Sur le bord de la route, au fur et à mesure des rencontres, je vais tâché de devenir un semeur de graines: susciter l'interrogation, et montrer que d'autres voies sont possibles.

Je suis persuadé que les alternatives que j'explore contribuent à poser les jalons et les invitations de voies d'avenir, cherchant à toujours être plus conscient de soi, des autres et du monde, cherchant à respecter au quotidien des valeurs de respect, d'écoute, de bienveillance, de partage, d'équité, par des modes de vie simples, accueillants, et épanouissants.

Bienvenue sur la voie des utopies en marche !


2 avr. 2013

A vélo? A pieds? En sac-à-dos?

  Depuis quelques mois, une interrogation me traversait régulièrement l'esprit: "est-ce que le vélo est le mode de déplacement qui me convient le mieux pour mon voyage"?
  En solo, en itinérance et au long-cours, c'est assez usant... et l'épisode Corse m'a demandé de puiser encore plus loin dans mes ressources physiques et morales.
  Certes le vélo est un mode de déplacement noble, écolo et sportif, mais j'ai la sensation de ne plus y trouver mon compte.
  Si je mets en balance, d'un côté les rencontres que ce mode de déplacement m'offre, et de l'autre côté ce que cela me demande, physiquement et moralement, j'ai une très nette sensation de déséquilibre. Certes cela m'a permis de faire des rencontres, mais pas assez à mon goût. En France, globalement, nous ne sommes pas assez avenants pour aller spontanément à la rencontre d'un voyageur à vélo, et je n'ai pas envie de toujours devoir être l'initiateur de la rencontre.
  Et puis j'ai repensé aux périodes où j'ai fait quelques trajets en stop, qui m'ont offert de nombreuses, belles et agréables rencontres, souvent ponctuelles, et parfois qui durent.
  A vélo avec mes sacoches, j'ai régulièrement eu une sensation d'encombrement et d'obligation de toujours devoir suivre des itinéraires bitumés, balisés, ces axes routiers à partager avec les voitures, sans réelle possibilité d'une échappée en milieu plus nature, sur des chemins ou en montagne...
  Pendant longtemps, j'ai accepté de ne pouvoir aller au-delà de ce que mon corps pouvait offrir comme énergie... mais ce sentiment d'acceptation s'est effrité, et je ressens l'envie et le besoin de me sentir plus léger, plus mobile, et de faire plus de rencontres.
  En Corse, j'ai été frustré à 2 reprises de ne pouvoir suivre des personnes rencontrées sur la route, qui m'offraient volontiers une place dans leur véhicule... mais pas de place pour le vélo et les sacoches!

  Et puis je ressens comme un aspect "élitiste" dans ce voyage à vélo. Est-il vraiment possible de le partager? Qui peut m'accompagner, ponctuellement ou plus longuement? Cela demande d'avoir un équipement assez spécifique et de disposer de ressources physiques et morales assez conséquentes, et je suis de plus en plus fatigué de faire ce voyage en solo, surtout l'hiver lorsque les journées sont courtes, qu'il faut trouver un lieu de bivouac dès 17h00, avant une très longue soirée et nuit, pour se lever dans le froid le lendemain, avant de redémarrer une nouvelle journée en solitaire...

  J'ai donc décidé de me séparer de mon vélo, et de continuer à pieds / en stop, juste avec un sac sur le dos, pour me sentir moins encombré, plus léger, plus mobile. Je sacrifie donc une relative autonomie contre un potentiel de rencontres plus large, et j'aime cette sensation de me sentir plus disponible à la rencontre, et à pouvoir me laisser porter par ce qui se présentera!

  C'est donc comme une nouvelle aventure, comme un nouveau voyage, qui s'apprête à commencer ... !